C'est impossible et pourtant le jeune révolutionnaire mexicain réchappe même au coup de grâce. Il mourra à plus de 80 ans.
FRÉDÉRIC LEWINO ET GWENDOLINE DOS SANTOS
Le 18 mars 1915, le jeune Mexicain Wenseslao Moguel n'a pas encore fêté ses 18 ans. C'est à son tour de mourir, après ses camarades. Deux soldats le poussent devant le mur déjà criblé de balles. Par défi, il regarde droit dans les yeux les huit soldats de l'armée régulière mexicaine qui lui font face, impassibles. Il les regarde droit dans les yeux. Il a joué. Il a perdu. Il mourra la tête haute. Il entend le colonel commandant le peloton hurler : "Prêts, visez, feu !" La dernière pensée est pour sa mère. Et pour Hollande : "Parviendra-t-il à inverser la courbe du chômage ?" Il ressent une intense douleur dans le flanc droit, le bras droit et la cuisse gauche, là où trois balles sur huit l'ont atteint. Il s'effondre sur le sol, ne sachant pas s'il est vivant ou mort. Vivant, il est ! Aucune balle n'a touché d'organe vital.
"Il me faut faire le mort, comme Bayrou, si je veux survivre", pense Wenseslao. Malgré la douleur, il retient sa respiration. Il entend les soldats rire, puis des pas s'approcher. Ce sont ceux du colonel Millán venant donner le coup de grâce. L'imbécile rate son coup ! Tirant dans la joue du jeune insurgé, la balle se fiche dans sa mâchoire. Pas idée d'être aussi maladroit, ce lourdaud raterait Nadine Morano dans un couloir... C'est aussi la chance de Wenseslao, qui s'évanouit sous la violence du choc, mais ne meurt pas. Des soldats l'empoignent pour le jeter dans la fosse sur ses camarades exécutés avant lui. Au suivant ! Un ordre alors arrive du quartier général pour faire cesser les exécutions. Le peloton de soldats se disperse sans même prendre la peine de jeter de la terre sur les cadavres. Wenseslao respire toujours...
Gloire
Wenseslao Moguel avait rejoint quelques jours auparavant l'armée rebelle du général Abel Ortiz de Argumedo qui avait renversé le gouverneur du Yucatán le 7 février 1915. Ce n'est pas qu'il est révolutionnaire dans l'âme, mais l'idée de se battre autrement que sur une console vidéo l'enthousiasme. Du reste, il n'est pas le seul. Plusieurs dizaines de jeunes paysans âgées de 16-17 ans prennent les armes. Enfin, c'est une façon de parler parce que, des armes, justement, il n'y en a pas beaucoup à se partager. Quand les 7 000 soldats sont envoyés par Mexico pour rétablir l'ordre, les forces en présence sont complètement déséquilibrées. L'armée fédérale compte une cavalerie, des hommes armés et entraînés, une artillerie lourde et même deux avions. En face, les 5 000 rebelles combattant sous les ordres d'Ortiz affrontent, pour la plupart, un combat pour la première fois. Beaucoup ne sont même pas armés. François Hollande et David Cameron leur ont promis des armes, mais ils attendent toujours...
L'affrontement se déroule le 18 mars 1915, de 7 heures à 19 heures. C'est un horrible massacre du côté des rebelles. Au moins 450 morts et 622 blessés. Les autres s'enfuient. Les derniers à combattre sont les ados au sein de la brigade Comercio, parmi lesquels Wenseslao. Elle est décimée avant que les derniers survivants ne se rendent. Après une parodie de procès qui dure une demi-heure, ils sont tous condamnés à mort. Les soldats fédéraux commencent par pendre les premiers aux branches d'un chêne dans l'enceinte de la gare où les prisonniers ont été réunis. Quand l'arbre n'a plus de place pour des fruits supplémentaires, les jeunes Mexicains sont fusillés les uns après les autres. Jusqu'au tour de Wenseslao...
Une heure après la disparation des soldats, le jeune soldat reprend connaissance. Au milieu des morts, il se croit d'abord en enfer. Malgré sa douleur, il s'extirpe de la fosse, puis rampe toute la nuit jusqu'à un village où il frappe à la porte d'une cahute. La femme qui ouvre a la frayeur de sa vie devant ce corps ensanglanté. Cependant, prise de pitié, elle le cache chez elle avant d'appeler un médecin. Après les premiers soins d'urgence, celui-ci l'emmènera à Mérida où un chirurgien parvient tant bien que mal à reconstituer la mâchoire. Après la révolution, son histoire fait le tour du pays, Wenseslao Moguel devient célèbre pour être le seul exemple d'un homme ayant survécu à une exécution et au coup de grâce. En 1930, il donne une interview à la radio américaine. Il se marie, a des enfants, et finit par mourir très vieux dans les années 1970.
6 Commentaires
Arissoi
En Mars, 2015 (18:44 PM)Al Amine
En Mars, 2015 (18:47 PM)Dieu a dit que l' Heure du Décret est inéluctable!!!
-Pas de +/- 1 seconde de tolérance!!!
-Celle du sieur Venseslao était certes, programmée pour les années 1970...
Mimi
En Mars, 2015 (20:18 PM)Djila
En Mars, 2015 (22:02 PM)je n'ai pas aimé la manière ironique en y ajoutant des faits d'actualité bêtes qui entachent tout l'aspect exceptionnel de cette histoire
Kdoo
En Mars, 2015 (02:57 AM)Rafetcar
En Mars, 2015 (12:19 PM)Participer à la Discussion